Vuk Cvetanovic Lalovic • Jun 19, 2024
(Credit: Stacie DaPonte\ Flickr)
Le 28 mai, une soirée cinéma, issue d’une collaboration entre le laboratoire de données en sciences humaines et les archives spéciales de l’Université d’Ottawa, à diffusée ‘’Lesbiana: a Parallel Revolution’’ de Myriam Fougère.
Accompagnant cette diffusion fut une discussion sur le rôle du souvenir et de l’archivage dans le combat continu pour l’équité universelle, ainsi que du rôle de l’exclusion sociale et de l’atomisation au sein du mouvement féministe plus général.
L’initative du LGLC, soit le projet Lesbian and Gay Liberation in Canada, vise avant tout à vulgariser et démocratiser les ressources portant sur le mouvement de libération des années 60 et 70. Partant de deux livres décrivant une chronologie du mouvement de libération de l’auteur Don McLeod, le site est une manière d’accéder à l’histoire générale du mouvement, ainsi que de retrouver les connaissances de l’histoire LGBTQ+ détaillé des villes et villages à travers le Canada.
Comme le cite Constance Crompton, co-directrice du projet, il s’agit d’un projet « …qui pourrait, en fait, vivre sur le web, être plus facile à rechercher, plus facile à découvrir, que dans un dépôt institutionnel quelque part. »
Afin de poursuivre la vulgarisation de ces thèmes, l’organisation à collaboré avec les archives des femmes de la bibliothèque, une archive de l’université d’Ottawa portant sur le féminisme de seconde vague, dont le mouvement de libération est une sous-section. De cette collaboration naquit alors l’idée d’une soirée cinéma, le tout dans le but de démontrer la panoplie de mouvements et d’individus qui ont formé le mouvement feministe de ces décennies formatives.
Une grande distinction du film ‘’Lesbiana’’ se présente par sa nature bilingue; explorant ainsi les trajets divergents des mouvements anglophones et francophones, séparés par des lois, mœurs, et cultures dotées de moultes différences.
De ce fait, l’LGLC tente de créer un espace holistique qui tente de rester accessible dans les deux langues officielles du Canada, car «…une ressource n’est pas accessible si elle est rédigée dans une langue que les gens ne parlent pas.», comme indiqué par la docteure Crompton.
Le film se présente, avant tout, comme un voyage. Suivant les pas de sa jeunesse dans les années 80, la directrice renoue le contact avec une panoplie de femmes lesbiennes à travers le continent nord-américain. En partant des manifestantes urbaines aux ‘séparatistes’, vivant dans des ‘’woman’s lands’’, Fougère nous présente une vision diverse d’une révolution culturelle.
Se regroupant autour des concerts estivaux et des communes lesbiennes, le mouvement à pu naître dans une connaissance d’un sentiment d’universalité, reflétant l’exubérance des premiers pas vers un véritable mouvement lesbien, divorcé des grands courants féministes.
Toutes les femmes interviewées durant le film étaient alors connectées par des journaux féministes et lesbiens, dont le journal Sinister Wisdom fut le plus marquant. C’est dans cette atmosphère que s’offre une analyse approfondie de l’épanouissement du mouvement, offrant un document particulier d’un mouvement qui est «…devenu un pays, un espace où j’appartenais..» comme l’indique la directrice au tout début de l’ouvrage.
Cependant, il faut noter que le film, qui à sorti en 2012, est souvent indicatif de l’ère où il fut créé. La minimisation des rôles des individus transgenres et non-binaires fut cité comme une lacune prominente, ainsi que de l’inclusion de certaines figures appartenant au mouvement TERF, ou «Féministe radicale excluant les personnes trans».
Il est alors important de remémorer une déclaration de docteure Crompton, issue avant le début du film: « C’est important de semer le sol sans oublier le passé…».
En dépit des lacunes évidentes dans cette perspective sur le mouvement de libération lesbienne, l’histoire fondatrice de ces combattantes pour l’équité de genre et de sexe ont bien de choses à enseigner les manifestant-e-s contemporains.
Dans un climat ou l’authenticité des informations devient de plus en plus difficile à assurer, le projet tente d’offrir un havre pour les souvenirs et connaissances d’une étape critique de la libération féministe. L’accessibilité, manifestée à travers le site web et la nature gratuite de la soirée cinéma, est une démonstration non seulement des fondations du mouvement de libération, mais aussi de son futur.
Comme la Docteure Crompton l’indique:
«… nous pouvons construire un meilleur avenir si nous comprenons l’histoire de la façon dont nous sommes arrivés ici. ». Le souvenir, alors, est la force qui assure la continuation de tout mouvement progressiste, un message important dans une ère vivant un véritable déluge d’informations éphémères.
L’initiative des archives des femmes planifie d’autres expositions et événements sur le thème de la libération féminine dans les mois prochains.
Le site du projet LGLC peut être trouvé ici: https://lglc.ca/
Le site de l’initiative archive des femmes peut être trouvé ici: https://www.uottawa.ca/bibliotheque/archives-collections-speciales/initiative-archives-femme